vendredi 26 février 2016

Effluve de miséricorde


Tu as accumulé au long de ta courte existence, les méandres du quotidien. Tu as aimé, pleuré, hurlé, appelé au secours, désiré... Je t'ai imposé ce long voile noir, toi qui illuminerais de par ton essence les lieux les plus sombres. Je t'ai malmené, fait subir ton lot journalier de sensation, souillé, fatigué et corrigé. Je t'ai demandé pardon et t'ai offert le voyage d'une vie dans le but de me racheter. Tu m'as tendu les bras et m'as souri en guise d'acceptation.

Arrivé face au berceau de l'humanité, un vent de paix a soufflé, tu t'es embrasé d'amour, assujettis de crainte, recourbé de joie, flétris de douleur et peaufiner d'une sensation jusque-là inconnue... Quel est donc ce flux qui te recouvre et semble transpercer ce cœur en émoi ? A cet instant, j'ai la sensation que la foule s'immobilise, sa tonalité devient sourde, plus rien n'existe sauf Lui.

Je réponds favorablement à cet appel, chaque phonème est conscience, je ne suis plus en ce lieu, mon esprit s'évapore et mon cœur s'éparpille dans un monde où la lumière est matière. Les anges sont mes compagnons et les pieux des montagnes. Je m'imagine à la cour de l'Aimé. L'émotion nous submerge, nous sommes à ce moment précis les seuls au monde, les plus chanceux, les élus, un bouquet que le Très-Haut à choisis avec parcimonie dans un immense champ de fleur pour nous déposer à Sa cour. Que je ne sois qu'une miette si en cette contrée je demeurais ! Nous espérions secrètement nous éteindre en nous-même afin de rester dans cet état de contemplation et de bonheur absolu...

Ce spectacle me renverse, je ne me contiens plus, nous pleurons... A l'instar d'un nuage chargé de pluie, nos âmes ne demandaient qu'à évacuer ce surplus de tristesse et de fardeau. Je ressens en mon être une émanation du Divin. Un effluve de miséricorde pure me perfore, transperce mon âme, pénètre mon cœur et y purifie tous les recoins. Partagée entre douleur et bonheur, je me vide de toute énergie, de toute pensée qui ne se dirige pas vers mon hôte. J'ai répondu à l'invitation du Maître de toute chose et son contentement fut immense à mon arrivé, Il m'offrit un cadeau inestimable : l'absolution, l'amour et la renaissance.

« Labbayk Allâhumma labbayk. Labbayka lâ charika laka labbayk. Inna l-hamda, wa ni'mata, laka wal moulk, lâ charika lak » *

Aussi blanc que celui d'un nouveau-né, mon petit cœur, je te promets de nouveau souffrance et salissure, de honte je me place en retrait et aussi longtemps qu'il le faudra, je te demande de me pardonner.

H.B.


* Traduction : « Je réponds à Ton appel Seigneur, Je réponds à Ton appel et je suis obéissant, Tu n'as pas d'associé, je réponds à Ton appel, toutes les louanges et remerciements sont pour Toi, la souveraineté est à Toi, Tu n'as pas d'associé, je réponds à Ton appel »



1 commentaire:

  1. Magnifique monologue face au miroir du coeur avec ce retour à la source pour une nouvelle naissance ... Qu'Allah accorde à chacun cette opportunité unique dans la vie de tout musulman .... Un vrai plaisir de lire au-delà de la finesse de tes mots la sincèrité de la foi qui se dégage tout au long de ces lignes de mots où l'émotion s'offre à nous comme rappel de notre fragilité face à ce miroir que l'on mal mène tout au long de nos épreuves ... Merci pour ta belle plume un vrai plaisir de te lire à chaque fois :)

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